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Photo du rédacteurRédaction Ochinda

La force des mots

La force des mots

J’ai vécu quatre ans à Montréal. En tant que styliste, je dessinais des patrons pour différents manufacturiers de vêtements. J’adorais ce travail dans lequel j’excellais. Plus question d’écriture ! Les mots étaient enfouis très loin… Près d’une oasis dont j’ignorais le lieu…


Mon existence se déroulait dans la sérénité. Je partageais ma vie avec Raymond Gros‑Louis, un Wendat que j’avais eu la grâce de rencontrer alors qu’il était en visite chez mes parents, à Saint Placide.


Petit à petit, Raymond – qui voulait revenir aux racines de sa culture – me proposa de venir vivre à Wendake, à côté de Québec. Nous nous sommes mariés. Je suis devenue Wendat par alliance. Bientôt, je mis au monde deux chaleureux enfants qui grandissaient près de moi, cependant que j’œuvrais au sein de mon propre atelier en dessin de patrons et confection de vêtements.


J’étais épanouie dans mon cadre de vie. Toutefois, au fil des années, quelque chose commença à me manquer. Je ne parvenais pas à saisir le vide qui s’accroissait au fond de moi-même. Doucement… Tout doucement… la force des mots semblait vouloir reprendre sa place en mon être.


Je n’osai pourtant y croire. Il y avait tant d’années que je n’avais pas écrit. Riche de mon attrait pour la mode, je cherchai plutôt à me convaincre de créer une ligne de vêtements. Je rencontrai, à deux reprises, un professionnel de Wendake dans le but de renforcer ma décision. Alors même que je lui partageais mon ambivalence, ce professionnel m’a secouée sérieusement. Il m’a dit une chose que je n’oublierai jamais : « Non ! Créer une ligne de vêtements ? Ce n’est pas ce que tu veux. Ce que tu veux ! C’est aller à l’université ».


Aller à l’université… Mais… comment avait-il su ? Je ne me suis pas perdue en tergiversations. Peu de temps après, j’étais inscrite à l’Université Laval. Lorsque je suis entrée dans l’un des pavillons pour la première fois, j’ai su que j’étais arrivée chez moi.


Je suis de soleil

et de désir


je cueille sur la page

la tiédeur du crépuscule


mon âme repliée

dans l’embrasure du paysage


Johanne Laframboise

Recueil : Des lendemains de lumière




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